JHERONIMUS & BOSCH
par Paul Kirchner
Voici Jheronimus, pauvre hère condamné à subir tous les outrages en Enfer, accompagné de Bosch, son stoïque canard en bois. Depuis leur trépas, ils endurent brimades et humiliations de la part de démons facétieux et leurs tentatives pour gagner le paradis se soldent toutes par de fumants échecs. Ainsi, Jheronimus se retrouve testeur d’armes tranchantes à son corps défendant et, lorsque pour se détendre il va à la pêche, il n’est pas dit que ce soit lui le pêcheur.
Après le bus, le bus 2 et l’anthologie En attendant l’Apocalypse, l’auteur américain Paul Kirchner revient pour une centaine de pages de gags muets, blasphématoires et scatologiques. Reprenant une certaine imagerie médiévale de l’au-delà, telle qu’illustrée dans les vers de Dante ou les triptyques de Jérôme Bosch, et s’inspirant de la mécanique absurde des cartoons de la Warner, Kirchner met en scène avec un malin plaisir le sadisme de diablotins malicieux auquel répond l’entêtement masochiste du pauvre Jheronimus.
Dans Jheronimus & Bosch, les cercles de l’enfer revisités par Kirchner obéissent à des lois bizarres, sources d’un humour absurde qui n’est pas sans rappeler celui du bus. Mais si le passager du bus sortait le plus souvent indemne, quoique déboussolé de ses aventures, on ne peut pas en dire autant de nos infortunés anti-héros. À la fois fosse septique pour les anges du paradis et terrain de jeux pour démons en manque de torture, l’enfer dans lequel ils sont coincés est source de brimades aussi drôles que cruelles. Le boss en personne, Satan, fait quelques apparitions remarquées et dévoile une facette comique inédite. Il signe aussi la postface de ce livre.
Les strips de Jheronimus & Bosch ont été pré-publiés en anglais sur le site de la chaîne de télévision Adult Swim (Rick & Morty, Futurama).