J’ai le souvenir aussi d’un enfant obstiné. Voire buté. Quand je suis tombé dans la fascination pour la bande dessinée, j’ai voulu bien sûr faire les miennes. Ça n’avait pas l’air trop dur, j’ai regardé un Tintin : soixante-deux pages recto verso, des cases, de la couleur, hop, c’est parti. Et j’allais jusqu’au bout ! Mes camarades à qui j’avais refilé le virus s’arrêtaient eux au bout de deux pages, puis ils allaient faire les cons dans la rue, taper dans le ballon, tirer les nattes des filles. Bref, une occupation saine et virile d’enfant épanoui. Pas moi. Sur un coin de table, borné, tendu vers l’objectif, le front plongé dans un cahier scolaire transformé en album BD, je réalisais mon Grand OEuvre. Et rien ne m’aurait fait lâcher avant le mot « fin », en lettres de feu. Pas même les filles (entre nous, encore moins les filles !).
Evidemment, les situations que j’évoque sont excessives. Notamment la mise en scène de la misère, de la maladie ou du handicap. On m’a souvent reproché une certaine complaisance à rire du malheur. Encore une fois, sans que j’en aie eu l’intention, et avec le recul, je répondrai que c’est le point de vue qui sauve. Je ne me situe pas au-dessus des personnages, les jugeant. Je suis avec eux. Je ne viens pas du seizième arrondissement, pour ironiser. C’est mon milieu d’origine, je raconte ce que j’ai vu, ressenti. (…) Le choix discutable de décrire l’univers des malades ou des handicapés vient de l’intuition que les exclure du rire, c’est encore les exclure…
En dessin, on peut me reprocher beaucoup, mais pas de ne pas chercher. J’ai cherché dans tous les sens. (…) Mes albums témoignent de ces errements, avec de brusques ruptures en plein milieu, des remords visibles, des fulgurantes réussites et des ratages coupables. Autant de variations que le lecteur ne voit pas et dont il se fout (et c’est tant mieux). A l’arrivée, c’est l’intérêt de l’histoire qui l’emportera, ou pas. (…) C’est une des grandes injustices : le dessin virtuose qui ne nous touche pas nous est indifférent, voire antipathique. Et on adore le graphisme malhabile qui a su nous émouvoir. Le dessin est un acte hypnotique.
La conviction que j’en retire, c’est qu’en bande dessinée, le dessin est surtout une écriture. On lui demande la même chose : être lisible et bien raconter. Paradoxalement, je mesure la chance d’être un dessinateur limité, sans technique, ni académisme. J’ai été obligé d’inventer mon propre langage. Et j’ai maintenant remplacé l’idée folle de devenir un « bon dessinateur » par le plaisir simple d’être un « écriveur d’images ».
Toutes ces citations sont extraites de Tronchet, Carnets intimes, Fluide Glacial, 2004.

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